Casino de Paris : Trois siècles de métamorphoses et de spectacles

Aux origines du divertissement parisien (1730–1851)

Avant de devenir un haut lieu du spectacle, le site du Casino de Paris était un espace verdoyant dédié aux plaisirs de l’aristocratie. Dès 1730, le duc de Richelieu y installe un domaine de loisirs baptisé la « Folie Richelieu », qui se transforme peu à peu en théâtre populaire jusqu’en 1811. Par la suite, un immense parc de loisirs – le Tivoli – s’y installe, dirigé par le célèbre artificier Ruggieri, dont le nom est encore aujourd’hui associé aux feux d’artifice parisiens.

En 1851, ce parc est remplacé par l’église de la Trinité. Mais l’empreinte festive du lieu ne disparaît pas pour autant : le baron Haussmann, dans ses grands travaux de réaménagement de Paris, fait déplacer l’église plus au sud, libérant l’espace pour une nouvelle vocation.

Du palais des loisirs au théâtre Belle Époque (1880–1914)

Un vaste hall couvert voit alors le jour, proposant diverses attractions dont une patinoire à roulettes, très en vogue. En 1880, une partie de cette patinoire est transformée en théâtre : le Palace. Ce nouvel espace, aux décors somptueux typiques de la Belle Époque, attire flâneurs et spectateurs, posant les bases d’un lieu dédié aux arts vivants.

L’âge d’or du Music Hall (1914–1970)

Pendant la Première Guerre mondiale, le théâtre prend un virage décisif. Sous la direction de Léon Volterra, il devient un cinéma-Music Hall. En 1917, Gaby Deslys et Harry Pilcer y lancent la première revue qualifiée de « moderne », accompagnée du tout premier orchestre de jazz à se produire sur une scène française. Strass, paillettes et succès phénoménal sont au rendez-vous.

Mistinguett entre alors en scène et impose son règne jusqu’en 1925. Même Maurice Chevalier, alors jeune protégé, y fait ses débuts. À leur suite, Joséphine Baker marque les années 1930 en incarnant la revue Paris qui remue, créée à l’occasion de l’Exposition Coloniale. Elle y dévoile pour la première fois J’ai deux amours.

Tino Rossi y fait sensation en 1934 avec les chansons de Vincent Scotto. Et en 1959, Line Renaud revient auréolée de succès avec Plaisirs de Paris, une revue démesurée avec plus de 100 artistes sur scène. Elle y triomphe à nouveau en 1965 et en 1973 dans Paris-Line.

Dans les années 1970, Zizi Jeanmaire enflamme la scène dans La Revue et Zizi je t’aime, épaulée par de grands noms comme Yves Saint Laurent, Serge Gainsbourg, Vasarely ou Jean Ferrat. Mais l’enthousiasme du public pour les revues s’essouffle peu à peu, et la dernière tentative en 1982, malgré les adieux émouvants de Tino Rossi, signe la fin d’une époque.

Une renaissance artistique (années 1980–aujourd’hui)

La salle se réinvente alors, abandonnant les grandes revues pour accueillir une programmation plus éclectique et contemporaine. Serge Gainsbourg marque cette nouvelle ère en 1985, suivi par de nombreux artistes de renom : Jacques Dutronc, Alain Souchon, Michel Jonasz, Maxime Le Forestier, Yannick Noah, Lou Reed, Coldplay, Ben Harper, Tal, Sheryl Crow, Muse, etc.

L’humour y trouve aussi sa place avec les spectacles de Jamel Debbouze, Gad Elmaleh, Muriel Robin, Franck Dubosc, Elie Semoun ou encore Dany Boon.

Le Casino de Paris s’ouvre également à la comédie musicale, accueillant Starmania, Chicago, Le Petit Prince, Tchoupi et des performances internationales telles que Stomp, Slava’s Snowshow, ou encore Arturo Brachetti.

 

Aujourd’hui encore, le Casino de Paris continue d’illustrer l’évolution du spectacle vivant. Héritier d’une histoire prestigieuse, il reste une scène parisienne incontournable, mêlant tradition et modernité.